
Léonard de Vinci et Karl Lagerfeld, face à face à la Pinacothèque
Publié le Jeudi, 26 novembre 2015 dans Expositions et Culture
Hasard de la programmation ou intention avouée ? Toujours est-il que les deux expositions consacrées respectivement par la Pinacothèque de Paris à Léonard de Vinci jusqu’au 31 janvier 2016 et à Karl Lagerfeld jusqu’au 20 mars prochain, ne sont pas sans susciter des parallèles, ni inciter à un revigorant dialogue. Les Bulles de Paris ne saurait trop vous conseiller le détour.
Le réel comme source d’inspiration
Deux hommes, deux époques et deux façons bien distinctes d’aborder l’art comme autant de clés de compréhension du monde. Loin de nous la pensée de comparer le génie intemporel de Léonard de Vinci au talent multiforme et bien dans l’air du temps d’un Karl Lagerfeld qui réussit tout de même la prouesse d’entrer au musée de son vivant. Mais force est bien de constater une certaine similitude d’approche chez ces deux êtres aux yeux de qui le réel offre avant tout une inépuisable source d’inspiration.
Les Champollions enfin récompensés
C’est par le Codex Atlanticus, ce fameux carnet dont nous supposons qu’il ne quittait pas la poche du Maître, que nous pénétrons dans les arcanes secrètes de la création au sens le plus fantastique du terme. Ces étranges dessins, ces schémas parfois à peine ébauchés et ces hiéroglyphes mystérieux ont désespéré des générations de Champollion qui se sont rêvés en découvreurs de signes cabalistiques. Mais il était dit que leur persévérance allait finir par payer, si bien que nous voici à l’orée du XXIe siècle en train de voir surgir sous nos yeux émerveillés les machines extravagantes, à vocation hydraulique ou aérienne, imaginées par le savant florentin.
Voyage au cœur de la création
C’est à ce passionnant voyage, au cœur d’une science enfin débarrassée de son cortège de fictions, que nous invite la Pinacothèque. Non loin de là, Karl Lagerfeld nous attend dans la pause qu'il affectionne, hiératique et lointain, avec sous le bras son autoportrait en noir et blanc. La mise en abyme ne fait que commencer. Le créateur se mue en voyeur inspiré, immortalisant les badauds dans les rues de Paris la nuit, les paysages impondérables ou les lignes abstraites offertes par l’univers contemporain. Plus déconcertantes encore sont ses installations, dévoilées ici pour la première fois, et ses recherches techniques qui le font passer tour à tour du daguerréotype à l’argentique et du polaroïd au numérique. Un peu à la manière des peintres qui revisitent l’art des anciens. N’est-ce pas là que la boucle se noue ?